87ème jour - Bonjour les stan

Toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il. Suivant cet adage, j’ai quitté l’Iran cette nuit. Non sans avoir passé une énième et dernière soirée avec la jeunesse iranienne désabusée, qui se saoule au vin et à la vodka maison pour oublier que son gouvernement le lui interdit. Une de ces très bonnes soirées dont on profite sans regarder l’heure, et qui valent d’arriver à l’aéroport quelques 30 minutes avant le décollage de son avion.

Evidemment, il a fallu que deux athlètes paralympiques en profitent pour rentrer des JO pile à ce moment-là… Des centaines de supporters étaient présents, excités comme des roumains au salon de la caravane, bref, impossible de circuler. L’enregistrement des bagages étant terminé, je demande un peu d’aide et me fait gentiment escorter jusqu’à la porte d’embarquement, doublant ainsi impunément la foule de touristes arrivés en avance (naïfs…), qui attendent bien sagement leur tour. Une bouteille d’eau, différents liquides, un couteau suisse…voici le petit butin que j’ai réussi à emporter avec moi dans l’avion. Tout mon sac, en bref, sans que personne ne prenne la peine de l’ouvrir (faut pourtant pas être sorti de Saint-Cyr pour pister un couteau aux rayons X à ce que je sache). Démontrant par la même occasion l’infaillibilité des mesures de sécurité iraniennes, qui devraient hautement compliquer la tâche d’Israël en cas d’attaque.

Trêve de digressions, un trajet qui s’est tout de même passé sans encombre, excepté que j’étais une fois de plus la seule touriste occidentale, contrairement à ce que j’espérais. Parce qu’un seul avion par semaine pour Tashkent, y’a quand même de quoi espérer ! Et bien non. Au lieu de quoi je me suis retrouvée avec une armée de moudjahidine, QUE des femmes qui portent le voile même quand elles quittent leur pays. A tel point que je n’ai pas osé retirer le mien avant d’être sortie de l’appareil (« Qu’est-ce que je fais ? J’ai le droit ? Techniquement, on est sur le sol ouzbek, mais dans un avion d’Iranair…alors ? »). Alors j’ai attendu d’être sortie. Et là : HAAAAAALLELUJAH. Sensation indescriptible. J’ai quand même gardé mes cheveux attachés parce que c’est pas la fête du string non plus, mais quel bonheur.  En plus de ma liberté capillaire, je retrouve aussi les toilettes occidentales (moins glam, je sais), un petit plaisir non négligeable (mais tâchons de rester digne, restons-en là).

Bref, je suis en Ouzbékistan, et je peux à nouveau mettre un T-shirt, et même peut-être un short (summum de l’indécence !). Déjà rencontré plusieurs touristes occidentaux et trouverai donc potentiellement quelqu’un pour m’accompagner sur la route du Pamir au Tadjikistan, fermée depuis quelques jours pour cause d’affrontements (une petite dizaine de morts, rien de bien méchant). De la bonne nouvelle en pagaille, en somme.

Et j’ai même envie de dire que tout va bien (Maman) !