Attendre son visa

Mercredi 26 Septembre : n’ayant pu obtenir à Douchanbé l’autorisation d’entrer dans l’empire du Milieu, je me résolvais à atteindre Bichkek au plus vite, passant ainsi du Tadjikistan au Kirghizistan (je précise parce qu’il y a de quoi s’y perdre parmi tous ces stan), quand j’ai appris que le peuple chinois serait en vacances toute la semaine suivante (ce qui inclue l’ambassade de Bichkek…). Plus besoin de me presser donc, n’étant plus en mesure de contrôler quoi que ce soit.

Cet échec m’aura au moins permis de passer 3 jours dans la capitale Tadjike, où les tissus y sont si nombreux que les marchands leur attribuent des noms de personnes connues. On peut ainsi entrer dans une boutique et demander très sérieusement du « Madonna » ou encore du « Georges Bush » sans être pris pour un cinglé. Plus sérieusement, ces trois jours en auberge de jeunesse ont été l’occasion de rencontrer de nombreux voyageurs invétérés, dont deux couples d’Américains partant barouder en Afghanistan (parce que c’est quand même marrant), un couple d’Espagnols pédalant autour du monde depuis 6 ans, et beaucoup d’autres cyclistes pour lesquels mon admiration est sans limite.

Festival d’échange de bons procédés, dont on ressort chargé de nouvelles connaissances en termes de visas/ambassades/postes frontières/permis de circuler, et j’en passe. Régulièrement, un problème est posé sur la table et tout le monde met son expérience à profit pour tenter de le résoudre. Malheureusement, il arrive que parfois, après deux heures de discussion intense et trois litres de thé ingurgités, même les baroudeurs les plus chevronnés ne trouvent pas de solution valable. Prenons par exemple le cas d’école de Jean-Paul (qui pourrait aussi s’appeler Anne, au final) qui se trouve en Chine et souhaite parvenir en Inde sans prendre d’avion. Quelles solutions s’offrent donc à lui ?

1. Jean-Paul pourrait y entrer via le Pakistan MAIS obtenir un visa pakistanais hors de son pays d’origine est quasi mission impossible
2. Non, plus simple ! Il n’a qu’à traverser directement la frontière qui sépare la Chine de l’Inde MAIS contrairement à ce qu’on pourrait croire, celle-ci n’a d’autre utilité que de narguer les voyageurs
3. Et pourquoi ne pas passer par le Népal ? Certes, MAIS pour atteindre le Népal, Jean-Paul doit passer par le Tibet, et pour entrer au Tibet, Jean-Paul doit obligatoirement former un groupe avec 4 autres voyageurs de SA nationalité
4. Bon, et bien faisons-le passer par la Birmanie, ce Jean-Paul ! (qu’on en finisse, parce que c’est agaçant à la fin). Quelle bonne idée…MAIS sortir de Birmanie pour entrer en Inde est impossible (de même que le seul moyen d’y accéder est de toute façon de prendre un avion depuis la Thaïlande)

« Madame ? »

« Oui Kévin ? »

« Il serait pas un peu dans la merde votre Jean-Paul ? »

En réalité, l’option Pakistan semble la seule possible. Pour ce faire, Jean-Paul doit envoyer son passeport dans son pays d’origine (prenant ainsi le risque de le perdre), afin qu’un proche fasse la demande de visa à sa place et lui renvoie (prenant ainsi à nouveau le risque de le perdre). Je dois cependant avouer que j’ai rencontré un Allemand encore plus fou, qui a trouvé un plan F auquel personne n’avait songé : se rendre en Géorgie et  y faire une demande de naturalisation (qui ne nécessite vraisemblablement qu’une belle lettre de motivation), qui permettrait d’entrer au Pakistan bien plus facilement. Bon, mais comme je n’ai pas prévu de devenir Géorgienne et que je suis moins têtue que Jean-Paul, je prendrai certainement l’option avion.

En attendant, je suis toujours coincée à Bichkek, attendant patiemment mon visa chinois qui devrait pointer le bout de  son nez en fin de semaine. J’en profite pour étudier les modes de divertissement de la jeunesse kirghize, pour le moins étonnants. Parce que parcourir cette rue piétonne le long de laquelle des tas de jeunes hommes s’essayent au karaoké (mais seuls, sans même en profiter avec un groupe d’amis), passe encore, mais les voir payer pour caresser un lapin ou tenter de rester suspendus le plus longtemps possible à une barre métallique, c’est assez intriguant. Et j’en profite aussi pour amorcer doucement la transition avec la Chine : ici aussi, ils mangent du chien.

Bref, Надеюсь, мама

Comments

[papo]

T'as interet a tout donner pour arriver en Inde, Isa et moi t'attendons de pied ferme...