Iran – Miscellanées 2

Dix jours de plus et je ne me lasse pas de ce pays incroyable ! Point de vue itinéraire, après avoir atteint Bam au sud, je suis remontée jusqu’ à Téhéran, ce qui m’a permis de retrouver les quelques backpackers rencontrés deux semaines plus tôt. Car les 100 touristes que nous sommes actuellement dans tout le pays ont le même vieux Lonely, parcourent les mêmes villes et logent dans les mêmes auberges, autant dire qu’on s’appelle par nos prénoms. Parmi eux, moult moult espagnols/italiens, qui ont préféré partir en vacances dans un pays encore plus en crise que les leurs, histoire de se remonter le moral.

Un itinéraire qui m’a aussi permis de retrouver Ispahan, qui conserve la palme de plus belle ville d’Iran, et d’y faire tout ce que j’avais zappé lors de mon premier passage. Comme par exemple utiliser un de leurs vélos en libre-service (JCDecaux n’a décidément aucune limite). Quand on connaît les nombreuses expériences palpitantes que j’ai pu avoir en Vélib à Paris, qu’on y ajoute le fait que les « Vel’Isp » (ou quel que soit leur vrai nom) ont un frein sur deux qui fonctionne et que la circulation dans ces villes ressemblerait à l’étoile aux heures de pointe en interdisant l’utilisation du rétroviseur, on se demande bien comment j’ai pu en sortir vivante. (Maman, reste paisible, je force le trait). J’ai aussi pu me promener à nouveau autour du magnifique Imam Square, dont la Mairie de Lyon ferait bien de s’inspirer pour ENFIN meubler cette foutue place Bellecour.

Dans la droite lignée des trucs pas très intéressants mais sans lesquels il est impossible de s’inventer un voyage en Iran :

• Les iraniens ont la fâcheuse manie de laisser en place le film plastique qui recouvre les fauteuils. Ce qui  est vraiment très agréable par 40 degrés. Pensais pas qu’on pouvait pousser la fainéantise aussi loin.
• Les iraniens aiment se retrouver en famille pour pique-niquer, sur les pelouses de l’Imam Square pour les plus raffinés (en mode Champ de Mars sans alcool), ou au bord des routes principales pour les plus…timides (?), et de nombreuses familles vont même jusqu’à faire du camping sauvage à certains endroits. Ces enfants de Don Quichotte à la sauce iranienne apportent donc leurs tentes, matelas, couvertures et popotte, s’installent à côté de monuments célèbres et leur donnent ainsi une vie nocturne.
• L’iranien roule en Peugeot 405 (ou 206 s'il est riche), voilà au moins un pays qu’aura conquis cette marque.
• Le chauffeur de taxi iranien ne négocie pas le tarif de la course, et s’en fout royalement si vous faites mine de partir en espérant qu’il vous rappelle (ce qui donne un air plutôt con quand il n’y a aucun autre taxi et qu’on est obligé de revenir tête baissée en acceptant le prix de départ).

Mais j’aime tellement la chaleur, le plastique sur les fauteuils, le velib suicidaire et le camping urbain que j’ai fait une demande d’extension de visa. La seule chose qui a failli me faire changer d’avis a été l’obligation de porter le tchador dès mon entrée dans le service consulaire. Le voile étant un bonheur de tous les instants, il fallait bien trouver quelque chose de plus contraignant pour la femme. Me suis donc retrouvée affublée d'un tchador, incapable de le faire tenir plus de dix secondes correctement, et me prenant donc des remarques de la part d’un officier psycho rigide qui ne supportait pas voir dépasser une mèche de cheveux MAIS précisait qu’il savait bien que c’était compliqué et me comprenait. Hallelujah, les hommes comprennent la souffrance des femmes, tout va bien. Si vous voulez tout de même tester, mettez-vous donc un drap sur la tête (double, le drap, sinon c’est trop facile), et voyez comment vous vous accommodez des 2 mètres de tissu qui tombent de chaque côté. Une expérience qui a au moins eu le mérite de me faire respecter encore davantage toutes ces femmes qui doivent vivre avec dès qu’elles sortent de chez elles.

Tout ça pour dire que je peux rester jusqu’au 15 septembre et ainsi « assister » au fameux sommet du mouvement des non-alignés qui a lieu à Téhéran cette semaine. Tous les pays les plus gentils de la Terre comme la Syrie, l’Irak ou la Corée du Nord se retrouvent ici pour discuter, et comme si il y avait une quelconque raison de vouloir nuire à ces dirigeants ( ?! je ne vois pas pourquoi), la moitié de la capitale va être bloquée. Vais donc certainement en profiter pour explorer les montagnes alentour. Parce que si je me retrouve aux abords d’une rue bloquée et que je sors mon appareil photo par inadvertance, je risque de me retrouver en prison. Tout comme ces deux italiens rencontrés à Shiraz, qui ont eu le malheur de prendre une photo du paysage à bord d’un bus passant à ce moment-là non loin des centrales nucléaires, ont donc été dénoncés par un passager (sympathique), et arrêtés par la police à leur arrivée. Et à les entendre, l’interrogatoire qu’ils ont subi n’a pas été une partie de plaisir.

Du coup vais aller faire quelques balades bucoliques en montagne, et tout ira bien.